La Tea Party était un événement majeur. Si vous avez éveillé la curiosité ou l’intérêt d'un des membres de la famille Charlotte, vous pouvez être assuré que vous recevriez une lettre. Peu importe où vous êtes, peu importe qui vous êtes : Il faudra vous y rendre. Car ce qui a rendu si célèbre cette rencontre au sommet, c'est probablement les conséquences d'un refus. Les fous et les sots qui s'y sont adonné ne sont plus que des cadavres se balançant au gré des courants, nourrissant une faune aquatique qui se moque des enjeux de ce monde.
Cette habitude de traquer et d'éliminer les trouble-fêtes n'est pas étrangère à Fondant : c'est lui-même qui a supervisé la répartition des espions en premier lieu, pour savoir qui vient et qui se moque de l'honneur qu'ils ont reçu, et qui, dans un second temps, attribue à chaque dissident son « équipe ». Sauf que parmi tout ce qu'ils avaient invité, un gros poisson avait refusé d'entrer dans le filet. ALAZARIO « Petit ours » BENVENGA , primé à 65 millions de berrys. Plus qu'une semaine avant la fête, et il n'avait toujours pas commencé son périple.
Le véritable problème, c'est que des rumeurs couraient : il essayerait de pactiser avec Barbe Noire... Fondant aurait adoré « discuter de la géopolitique mondiale » avec lui, mais avec la nouvelle politique de sa sœur, c'était un acte qu'il ne pouvait pas se permettre. Tout du moins, pas avant d'avoir assuré des alliances. Il devrait se contenter de l'inciter à ramener vite fait bien fait son petit cul. Il ne se faisait pas beaucoup d'espoir, mais cet homme était fou, et c'était le seul moyen de conserver l'autorité du Royaume de Totto Land, tout en suivant les directives de la Reine.
Un long soupir s'échappa de ses lèvres, tandis qu'il s'asseyait dans la cabine du Capitaine de ce navire. Il avait dû s'imposer parmi l'un des pirates alliés, qui devait justement effectuer quelques affaires dans ce coin-là du monde. Une aubaine pour Fondant, mais qui risquait d'être perçu différemment pour l'équipage de ce rafiot. Mais bon, c'était le cadet de ces soucis : entre l’événement, le couronnement, et l'affrontement imminent ( autant se préparer ), l'orgueil d'un Capitaine ne figurait pas dans sa liste des priorités. Ni dans aucune autre liste, par ailleurs.
Le vaisseau était rapide, il fallait leur accorder. Ainsi, le retour ne devrait poser aucun problème, il serait chez lui avant que la Tea Party ne commence. Dans quel état ? C'était une question à laquelle il n'avait pas la réponse, pour sûr. Alors qu'il se questionnait, le Capitaine toqua à sa porte.
« Excusez-moi de vous déranger, mais le bateau est vu. C'est bien le navire des pirates d'Opale. »Fondant se redressa, et emboîta le pas a l'homme. Arrivé sur le pont, il lui tendit une longue-vue, commentant ce que les deux hommes fixés.
« Comme le dit le rapport, ils n'ont pas vraiment bougé de cette position, bourlinguant un peu à droite à gauche, au mieux. Ils ont pas l'air de vouloir partir vers Totto Land, à mon avis. »Fondant acquiesça silencieusement, tant la remarque était évidente. Il réfléchit un quart de seconde, avant de s'adresser au navigateur.
« Rapprochez-nous d'eux. Placez-vous pour un abordage, mais avec un drapeau blanc hissé. Et préparez-vous au combat. On ne sait jamais. »Les ordres s’exécutèrent sans que l'on pose de questions, au grand dépit du Capitaine de ce navire.
Aucun tir de semonce, aucune insulte, aucune manœuvre ne se fit en réaction. Confiant, Fondant attendit que tout soit mis en place, et qu'une planche relie les deux navires. Il s'avança alors, se plaçant au milieu du pont de l'Agathe. Défiant du regard l'équipage, armé et prêt au combat, il posa son regard sur l'homme qui l'intéressait. Alazario, en compagnie d'une… d'une… d'une enfant ? Une goutte de sueur perla, qu'il essaya machinalement. Non, à plus y regarder, c'était une adolescente, 15 ans à vue de nez. Ouf, ses pulsions ne compromettraient nullement la mission.
Plongeant son regard dans l'océan de folie que contenaient difficilement les yeux du Capitaine de ce bateau, il parla, d'une voix froide et autoritaire, tandis qu'il dégageait une aura meurtrière, bien qu'ayant les bras croisés sur le torse, en signe de paix.
« Capitaine Alazario Benvenga. J'aurais aimé, vous rencontrez dans des circonstances plus favorables. Voyez-vous, vous avez reçu une invitation ; et je ne doute pas que vous l'ayez reçu, inutile de pointer les messagers comme excuse. Sauf que, du temps s'est écoulé, et le temps, c'est justement ce qui vous manque. La fête va se dérouler dans une semaine, et pouvez arriver à l'heure si vous mettez les voiles immédiatement. J’espère que vous comprenez pourquoi vous devez vous y rendre. J’espère que vous n’êtes pas stupide, et oui, j’espère beaucoup, car si l'un de nous deux perdent à ce petit jeu, ce bateau sera le témoin d'un bien triste spectacle » finit-il, d'un ton si doux, si calme, qu'il fallait tendre l'oreille pour comprendre ce qu'il disait.
Son discours avait jeté un froid dans l’assemblée, et tous avaient les yeux rivés sur le seul homme qui pouvait faire changer les choses. Le seul, qui était capable de tous les mener vers la grandeur, ou la déchéance.